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Pôle Exterieur de la Jeunesse Communiste du Rhône
20 octobre 2012

Triomphe des communistes tchéques aux éléctions régionales

Le Parti Communiste de Bohème-Moravie (KSČM) a réalisé plus de 20% des suffrages, un score inédit depuis la contre-révolution de 1989.

KSCM

Le Président du comité central du KSCM, Vojtech Filip, se dit satisfait de ces résultats "C'est une large réussite, nous démontrons que le Parti communiste est perçu comme un parti moderne de gauche qui possède une vrai ligne, il est en mesure de faire face à la corruption en République tchèque et à résoudre les problèmes qui accompagnent la République tchèque".

Les sociaux-démocrates (CSSD) arrivent en tête avec 23% des voix, ils perdent 68 mandats et 400 000 voix. Ils sont surtout talonnés par les communistes (KSCM) qui obtiennent 20,5% des voix et gagnent 75 sièges, avec 182 élus au total.

La droite ressort laminée. Le principal parti de droite, l'ODS – le parti de Vaclav Havel et de l'actuel président Vaclav Klaus – ne recueille que 12,2% des voix, loin derrière les communistes.

Comment expliquer que le KSCM réalise d’aussi bons résultats ?

Il y a en Republique tchèque une crise économique, sociale et politique sans précédent. Le KSCM apparaît pour beaucoup comme le seul Parti capable d'apporter de la stabilité au pays et d'améliorer de manière concrète les conditions de vie de la population tchèque.

On doit également parler de la place déjà importante qu'occupait le Parti Communiste Tchécoslovaque fondé en mai 1921 à Prague. La Tchécoslovaquie a vu l'émergence du poids des communistes pendant les années 20 et 30. Aux élections parlementaires de 1925, le Parti avait réalisé 934 223 voix, soit 13,2 % (2nde place) et 41 députés. Dix ans plus tard, aux élections parlementaires de 1935, le PCT obtient 849 495 voix, soit 10,32% des suffrages et 30 députés.

On peut remarquer qu'à la différence d'autres pays où les PC demeurent peu importants, voire groupusculaires, le PCT, sous la direction de Klement Gottwald devient très tôt non seulement un Parti puissant électoralement, mais aussi un Parti de masse, avec un nombre d'adhérents estimé à 128 000 en 1928.

L'importance du PCT avant la guerre, le rôle de la Résistance en Tchécoslovaquie, la place des communistes (interdit dès octobre 1938) expliquent en bonne partie la popularité des communistes en 1945. Les élections de 1946 accordent 38% des suffrages aux communistes, traduisant une large adhésion d’une partie de la population au PCT. Adhésion que l’on retrouve beaucoup moins dans les autres futures démocraties populaires. La Révolution de Prague conduit par le Parti Communiste avec l'appui de la classe ouvrière tchèque et l'instauration de la démocratie populaire n’aurait sans doute pas été possible sans le support actif comme passif d’une majorité de la population.

On ne peut saisir la survivance après la contre-révolution de 1989, du Parti Communiste de Tchécoslovaquie sous la forme du Parti Communiste de Bohème Moravie, sans comprendre qu’il y a un véritable lien qui perdure entre Parti d’un côté et peuple de l’autre, alimenté par le passé et la mémoire.

Quelques chiffres (ceci concerne les éléctions législatives):

  • Elections législatives de 1992: 14,05 % avec la coalition Bloc de Gauche

  • 1996: 10,33 % (22 députés)

  • 1998: 11,03 % (24 députés)

  • 2002: 18,51 % (41 députés)

  • 2006: 12,81 % (26 députés)

  • 2010: 11,27 % (26 députés)

A propos d'un Parti Communiste qualifié de « non-réformé », de « stalinien » par les médias bourgeois mais pourtant populaire.

L'attitude de la presse bourgeoise est doublement intéressante.. D’une part parce qu’il présente assez bien la haine anticommuniste qui se fait sentir par certains propos rapporté dans différents articles : « L'eurodéputé libéral Jan Zahradil renchérit : «Il y a deux poids deux mesures entre le traitement réservé aux communistes et celui réservé aux néonazis. Or, la haine sociale et la promotion de la lutte des classes ne sont pas moins dangereuses que la haine raciale.» »

D’autre part, la force du KSCM étonne et inquiéte. Le Parti apparait toujours comme un parti « paria » mis à l’écart de la vie politique conventionnelle. Pourtant, il représente une force conséquente avec des électeurs, des députés, des adhérents –« plus grand parti tchèque, avec 90 000 militants ». Bien que présenté par la presse occidentale comme un parti ayant un électorat « principalement composé de personnes âgées nostalgiques et d'oubliés des réformes », il n’en demeure pas moins que le KSCM demeure la troisième force du pays. Et le journaliste et les politologues de s’interroger. Parmi les explications avancée occidentales avancées, l'Ostalgie « un Tchèque sur cinq regrette l'ancien régime », l’absence de corruption au sein du Parti, semblent avoir une importance particulière.

Enfin, une autre caractéristique de l'attitude de la presse bourgeoise consiste à appliquer un silence radio quasi total sur la progression electorale du KSCM, notamment lors de ces dernières elections locales, une progression qui indique que le KSCM, avec une ligne marxiste-léniniste est capable de s'ancrer dans les masses, d'operer un rajeunissement de son appareil militant et de toucher des catégories d'age variés.

On voit d’ici le paradoxe et la source de la difficulté pour certains journalistes de comprendre le phénomène perdurant du KSCM. Un parti considéré comme « le seul Parti communiste non réformé d'Europe » demeure populaire dans un pays qu'il a pourtant dirigé pendant plusieurs décennies et qui a du faire face à la contre-révolution, au rétablissement du capitalisme et à de très sérieuses séries de campagne anti-communiste.

Ceci prête à s’interroger sur l’importance de l’idéologie si l’on considérait à l’instar de Vojtech Filip, un des leaders du KSCM  que lorsque «Plusieurs partis communistes étrangers ont modifié leur programme, […] Cela a causé leur perte.».

Rappel : a propos de l’interdiction de la Jeunesse Communiste et des tentatives d’interdiction du KSCM.

Le 27 janvier 2010, la Cour de justice de Prague a levé l’interdiction de l’Union de la jeunesse communiste tchèque (KSM) qui avait cours depuis 2007. Les juges ont également levé en appel un jugement de 2008 qui avait débouté la KSM de son assignation contre la décision d’interdiction du ministère de l’intérieur.

« C’est une décision très importante car elle « relégalise » la KSM. La KSM va pouvoir travailler à nouveau ouvertement en tant qu’organisation légale », s'était alors félicité Milan Krajca, son président dans une déclaration.  

Le gouvernement tchèque avait fondé son interdiction de la KSM sur la présence dans son programme de l’objectif de renverser la propriété privée des moyens de production et de la remplacer la propriété collective. Une autre raison invoquée était la perspective proposée par la KSM à la jeunesse tchèque de combattre pour une autre société, libérée des principes du capitalisme. .

 

De plus, des tentatives régulières d’interdiction du Parti Communiste ont lieu, la dernière mesure en date visant à interdire le KSCM n’est pas si ancienne. Le Ministre de l'Intérieur Radek John « a déclaré que la question de l'interdiction du parti était revenue à l'ordre du jour en raison des commentaires émis par les députés du KSCM Marta Semelova et Miroslav Grebenicek lors du débat parlementaire »

Ces deux députés s'étaient prononcés contre un Projet de loi qui visait à accorder une légitimité à la « troisième résistance ». La première concernant la Résistance contre les Austro-hongrois pendant la première guerre mondiale, la seconde concernant la Résistance antifasciste et antinazie pendant la Seconde Guerre mondiale, la troisième Résistance concernerait une « Résistance anti-communiste »

.

Comme nous l’avons écrit plus haut, les tentatives de criminalisation du KSM et dans une autre mesure du KSCM sont des exemples flagrant de l'anti-communisme classique de la bourgeoisie, soutunue d'ailleurs de manière active comme passive par les instances de l'Union Européenne.

 

site web du KSCM : http://www.kscm.cz/

 

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