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Pôle Exterieur de la Jeunesse Communiste du Rhône
14 janvier 2013

Portrait de Sakine Cansiz, militante du PKK (Parti des Travailleurs du Kurdistan), communiste et martyr de la cause kurde

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Sakine Cansiz était une camarade, une militante de la cause kurde, une membre active du Parti des Travailleurs du Kurdistan, que l'on peut qualifier sans aucun doute de parti communiste du kurdistan.

Dans son treillis kaki et munie de son fusil d'assaut, Sakine Cansiz a tout de la "guérillera", sur la photo qui la montre aux côtés d'Abdullah Öcalan, chef de file du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

Son nom de code était "Sara". Elle faisait partie des cadres fondateurs du Parti des travailleurs du Kurdistan encore en vie. Sakine Cansiz a été retrouvée morte avec deux autres militantes dans un appartement parisien, jeudi 10 janvier. Chacune avait reçu une balle dans la nuque. Une première en France pour des Kurdes.

Cette femme de 55 ans aux cheveux teints au henné, tradition anatolienne, est née dans la province de Tunceli, dans le centre-est de la Turquie. Une région peuplée majoritairement de Kurdes et qui a été frappée au début du siècle par le génocide des Arméniens.

Membre des cercles révolutionnaires depuis les années 1970, elle fut l'un des éléments fondateurs du mouvement séparatiste, dont elle est rapidement devenue une véritable icône pour les femmes kurdes. En trente années de militantisme, elle était passée de la lutte armée au financement de la cause séparatiste, où elle jouait vraisemblablement un rôle de premier plan en Europe.

Née dans la province turque de Tunceli en 1958, elle fréquente les milieux révolutionnaires dès les années 70, contre l'avis de sa famille, qu'elle finira par quitter pour s'installer à Ankara. C'est dans la capitale qu'elle entrera en contact avec Abdullah Öcalan.

"Dans un sens, j'ai abandonné ma famille. Je n'acceptais pas cette pression concernant le militantisme révolutionnaire. C'est comme cela que je suis partie pour aller à Ankara, en secret bien sûr. L'idée que je devais rejoindre le mouvement, m'y vouer entièrement, s'est imposée", dit-elle dans un récit de la fondation du PKK publié par Firat, une agence de presse proche du PKK.

Comme tous les militants kurdes, Sakine admirait Öcalan, ancien étudiant en sciences politiques dont les convictions se sont forgées dans l'affrontement physique avec les mouvements d'extrême droite.

"Nous étions très attentifs à chaque mot qu'il prononçait. A chaque minute, à chaque discussion, la tâche devenait plus lourde, ce qui donnait une idée de l'ampleur de cette révolution et nous faisait comprendre qu'elle ne serait pas facile, qu'elle devait être menée patiemment et méticuleusement", poursuit-elle.

"L'ARMÉE DES FEMMES"

Un jour de novembre 1978, Abdallah Öcalan convoque une vingtaine de militants à Lice, près de Diyarbakir, dans le sud-est majoritairement kurde de la Turquie, pour fonder le PKK. Sakine Cansiz est alors du nombre. C'est aussi la seule femme présente. Elle a 20 ans.

"J'ai formé une aile féminine parce que je voulais l'émergence d'une femme forte libérée du féodalisme masculin", a expliqué Öcalan après son arrestation, en 1999 il est depuis emprisonné à l'isolement sur l'île d'Imrali, en mer de Marmara.

En 1979, après avoir implanté le PKK dans la province d'Elazig,elle est arrêtée. Elle passe dix ans derrière les barreaux dans les geôles de Diyarbakir, principale ville du sud-est anatolien. La torture y est systématique pour les détenus politiques. Elle n'y échappe pas, selon des sources kurdes.

Lors de l'un de ses procès, en 1988, déjà condamnée à 24 ans de prison, elle parle en kurde et se voit condamnée à 76 ans d'emprisonnement, rapporte Sabri Cigerli dans son livre Les réfugiés kurdes d'Irak en Turquie.

"Elle n'avait jamais la langue dans sa poche et ne craignait pas la confrontation, y compris avec sa propre organisation. Sakine Cansiz était une guerrière", se souvient l'avocat Eren Keskin, qui a fait sa connaissance en 1991 lorsqu'il représentait des membres du PKK.

"Sakine était avant tout une féministe. Elle avait un point de vue de femme, même sur la guerre", ajoute-t-il.

Sakine Cansiz sort de prison en 1991 auréolée de son passé de résistante dans un parti qui accorde une certaine importance aux femmes. Elle recommence à militer clandestinement. Elle combat activement au sein des rangs du PKK dans le sud-est de la Turquie. Elle passe aussi au camp d'entraînement dont dispose à l'époque le mouvement dans la plaine libanaise de la Bekaa.

"C'est une personnalité connue, une historique du mouvement kurde, elle a passé beaucoup d'années en prison, elle a combattu dans la montagne", rapporte Nicolas Bertrand, qui a réalisé le film Ez Kurdim (Je suis Kurde).

En 1992 ou 93, selon les sources, Sakine Cansiz part en Allemagne. Une importante communauté de travailleurs turcs y vit. Elle organise les activités du PKK, toujours sur les instructions d'Abdullah Öcalan, alors en exil en Syrie.

Au fil des ans, la militante devient un cadre important du mouvement en Europe, à la faveur de sa proximité avec le principal commandant militaire du PKK, Murat Karayilan. Ce dernier s'est retranché avec quelque 2 000 rebelles dans les montagnes du nord de l'Irak. Il incarne la figure de proue du mouvement kurde depuis la capture et l'emprisonnement à vie d'Abdullah Öcalan. Sakin Cansiz vit depuis plusieurs années en France où elle obtient l'asile politique en 1998, selon le site du quotidien berlinois Der Tagesspiegel.

Visée par un mandat d'arrêt international émis par Ankara, Sakine Cansiz est arrêtée le 19 mars 2007 par la police allemande à Hambourg, puis relâchée le 25 avril.

Les deux autres militantes kurdes retrouvées mortes avec elle était moins connues. L'une d'elles, Fidan Dogan, 32 ans, était la représentante en France du Centre d'information du Kurdistan, une vitrine du PKK, et membre du Conseil national kurde, une autre organisation de la nébuleuse kurde. "Elle était arrivée en France enfant. C'était une femme incroyable, enthousiaste, joyeuse, pacifique", décrit Nicolas Bertrand qui l'a rencontré lorsqu'il tournait son film. "Elle consacrait son temps à faire connaître le problème kurde".

Selon Dorothée Schmid, la directrice du programme Turquie à l'Institut français des relations internationales, Sakine Cansiz et Fidan Dogan se trouvaient toutes les deux sous surveillance policière.

Leur mort intervient alors que la Turquie a repris depuis fin 2012 le dialogue avec le PKK, par le biais de négociations directes avec Abdullah Öcalan, dans le but de désarmer le mouvement kurde. "Elle travaillait sur les pourparlers de paix [avec les autorités turques] pour essayer de trouver des contacts qui soutiennent ces négociations", explique Songul Karabulut, présidente en exil du Congrès national du Kurdistan. Par ailleurs, "elle menait une campagne de signatures demandant la libération d'Abdullah Öcalan". "En résumé, elle menait des activités pour faciliter le processus de paix", affirme la militante.

Le PKK a émis l'hypothèse d'une opération clandestine de nationalistes turcs, tandis que le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, privilégie la piste d'un règlement de comptes interne pour expliquer la fin brutale de cette militante de la première heure. Plusieurs milliers de personnes sont attendues samedi après-midi à Paris dans le cadre d'une manifestation organisée pour dénoncer ce triple assassinat.

"Nous avons grandi en entendant parler de Sakine Cansiz... Comment elle supportait la torture en crachant au visage de ses tortionnaires", se souvient Sebahat Tuncel, élue du Parti pour la paix et la démocratie (BDP), proche de la cause kurde.

"C'était un grand nom pour les femmes kurdes. Elle était féministe et son combat a toujours été double, contre la domination masculine et pour les droits des Kurdes", poursuit-elle.

"REJOINDRE LE MOUVEMENT, M'Y VOUER ENTIÈREMENT"

Son statut au sein du PKK, qu'Ankara, l'Union européenne et les Etats-Unis classent parmi les organisations terroristes, en faisait une figure honnie pour le gouvernement turc qui juge le mouvement responsable de 40.000 décès depuis qu'il a pris les armes en 1984.  

A en croire les notes diplomatiques divulguées par WikiLeaks en 2007, les Etats-Unis considéraient Sakine Cansiz comme l'une des deux principales sources de financement de la résistance kurde en Europe.

Après la découverte du meurtre, la presse a annoncé à plusieurs reprises qu'elle avait été tuée sur ordre du PKK se faisant l'écho des affirmations du régime réactionnaire de Turquie. Des élus kurdes ont encore balayé cette idée après la découverte de son corps.

Dans un communiqué diffusé sur son site internet, le mouvement de résistance kurde, le PKK, lui rend grâce pour avoir marqué l'"armée des femmes" de son empreinte.

source : reuters, FranceTV, Polex

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