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Pôle Exterieur de la Jeunesse Communiste du Rhône
22 mars 2013

Chypre : où en est-on? un article du journal la Tribune

Nous publions ici un article du journal économique (libéral) la Tribune, nous pensons que cet article permet une bonne compréhension de la crise bien que nous ne partagions pas l'opinion politique qui transparait dans l'article du fait de la ligne du journal.

Beaucoup minimisent une éventuelle sortie de de l'île méditerranéenne de l'union méditérranéenne : la BCE l'envisage implicitement, le chancelier autrichien ouvertement. Mais quelles en seraient les conséquences pour la zone euro ...et pour Chypre? Explications.
 
Alors que Chypriotes et Européens s'affèrent pour trouver un « plan B », la perspective d'une « faillite » de Chypre et d'une sortie de l'île de la zone euro commence à s'inviter dans le débat. Mercredi, le chancelier autrichien Werner Faymann avait affirmé ne pas « pouvoir exclure cette hypothèse. » Ce jeudi, un « responsable européen » cité par Reuters expliquait que « l'effondrement du système bancaire chypriote contraindra le pays à quitter la zone euro. »
 

Or, comme la BCE a laissé jusqu'à lundi au pays pour trouver une solution à la recapitalisation de ses banques par l'UE et le FMI, il se peut, faute d'accord, que Chypre sorte dès mardi prochain de l'Union économique et monétaire. Selon le journal grec Kathimerini, l'option a été discutée mercredi dans une téléconférence au niveau européen. La question qui survient est alors de savoir si cette décision serait catastrophique. Voici quelles pourraient être les conséquences d'une sortie de la zone euro de la petite république.

 


1. Pour la zone euro

L'opinion la plus répandue est que la zone euro pourra survivre à la sortie de Chypre. Le premier ministre autrichien lui-même n'a pas voulu exclure cette possibilité. Il est vrai que l'île est microscopique avec ses 17 milliards de PIB. On peut considérer également que compte tenu du poids russe, de l'influence grecque et du caractère démesuré de ses banques, Chypre est un « cas spécial. » Les investisseurs, faisant le tri entre le bon grain et l'ivraie, ne ferait pas l'amalgame entre ce cas particulier et le reste de la zone euro. Du reste, l'absence de panique après le plan chypriote de ce week-end et son rejet par le parlement sur les marchés plaide pour ce scénario.

Restent beaucoup d'inconnus. Une sortie de Chypre serait la preuve en actes que l'euro n'est nullement un processus irréversible. Tout le discours des Européens et d'Angela Merkel déclarant que « si l'euro échoue, l'Europe échoue », sera désormais soumis au principe de réalité. La crédibilité de ce discours sera sur la table. Le « sauvetage de l'euro » réalisé l'été dernier par Mario Draghi et la BCE serait donc intrinsèquement mis en défaut. Ce serait donc l'occasion de tester la détermination de l'institution de Francfort à défendre ce qui reste de la zone euro via son programme OMT de rachat illimité d'obligations souveraines.

Il y a donc un risque que les spreads espagnols et italiens  (écart de taux avec le Bund allemand) remontent pour juger de cette détermination. Ce serait alors un échec pour la stratégie de « dissuasion » menée par la BCE depuis l'été 2012. Surtout, ce programme OMT est relié à une demande d'aide au MES et cette demande doit obtenir le feu vert du conseil européen et du... Bundestag. En pleine campagne électorale allemande, ceci serait un exercice à haut risque. L'incertitude pourrait repartir de plus belle.

Une perte substantielle pour les banques grecques

La faillite de Chypre, la redénomination des créances de ses banques dans sa nouvelle monnaie, vouée à ne pas valoir grand-chose, provoquerait une perte substantielle pour les banques grecques, engagées à hauteur de 12 milliards d'euros dans l'île. L'Europe devrait rouvrir la boîte de Pandore grecque, renégocier une nouvelle aide. Ce que les Européens voulaient à tout prix éviter, là encore avant les élections allemandes.

Vient ensuite le risque le plus extrême : l'existence d'un précédent. La zone euro pourrait progressivement se défaire selon la logique du « salami. » La sortie de la zone euro apparaîtrait comme une option pour des pays en difficultés et donnerait l'argument qu'elle est « possible » aux partis eurosceptiques qui sont en progrès un peu partout. Dans ce cas, l'argument du « cas unique » pourrait se retourner : Chypre serait alors un « cas unique » pour les conséquences catastrophique de cette sortie, mais l'affaire chypriote aurait démontré la possibilité juridique d'un abandon de l'euro. Peu à peu, les pays sortiraient comme cela a été le cas de l'Union latine ou de la zone sterling. L'UEM deviendrait une zone homogène autour de l'Allemagne.

2. Pour Chypre

Pour Chypre, la sortie de la zone euro serait une mesure d'urgence. Asséché de liquidités, le pays serait contraint d'avoir recours à sa propre monnaie pour faire fonctionner son économie. Cette sortie serait sans doute accompagnée d'un strict contrôle des capitaux. Mais rapidement, la nouvelle livre chypriote ne vaudrait pas grand-chose. Ceci permettrait rapidement d'assainir le secteur financier en réduisant à néant ses créances qui seraient unilatéralement redénominer en livres (ce qui posera des problèmes juridiques complexes).

Mais le pays serait gangréné par une inflation alimentée par le renchérissement des importations nécessaires, notamment de produits énergétiques. La avantage que cela procurait pour le tourisme? Certes, mais le tourisme de masse nécessite des investissements dont les financements seraient bien difficiles à trouver. L'amélioration mécanique de la compétitivité pour Chypre serait sans effet car le pays exporte trop peu (pas plus de 600 millions d'euros d'exportations de biens) et ne dispose pas de capacité de production suffisante. Le manque d'investissement et le renchérissement de l'énergie plongeront, quoi qu'il en soit, l'industrie et l'agriculture chypriotes, dans une crise profonde.


De fortes tensions sociales inévitables
Surtout, Chypre perdrait son seul secteur dynamique avec le tourisme : la finance. Chypre reviendrait trente ans en arrière, lorsque son économie était centrée sur le tourisme. Les Russes avaient choisi Chypre dans les années 1990 pour sa stabilité monétaire, alors que l'ex-URSS avait un système bancaire instable et frappé par la crise de 1998. Une fois les dépôts étrangers convertis en nouvelles livres chypriotes, les investisseurs internationaux ne viendront plus placer leur fortune à Chypre. Conséquence : un assèchement des entrées de capitaux déjà insuffisants puisque la balance des paiements chypriote est déficitaire.

Du coup, la république de Chypre pourrait devenir un bateau ivre, soumis à . Un bateau ivre à vendre au plus offrant. Car la seule chance de l'île deviendra ses réserves de gaz. Réserves qui seraient sans doute rapidement à vendre au plus offrant. Sans doute la Russie qui, faute de ne plus avoir avec Chypre un véritable coffre-fort, y verrait bien un point d'appui stratégique. Un récent sondage montre cependant que 67 % des Chypriotes seraient favorables à une sortie de la zone euro et à un resserrement des liens avec la Russie

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